Historique des appels à création

Premier appel à création
Il s’appuie sur le mot « synchrone ».
La définition du « Petit Robert » donne :
« qui se produit dans le même temps ou à des intervalles de temps égaux ; qui a la même période, la même vitesse (…) »
Des retours...
Igor Chirat
Francine Irissou - Devaud
Dessin brodé

Odile Fix
Buisson de langue

On se soucie de surprendre un rythme dans vivre, dans les jours.
Quelque chose, des répétitions.
Mais on ne sait pas bien.
On finit par se dire que seuls les angélus – les 3 angélus en une journée – qui sonnent à l’église du hameau voisin – sont scansions sonores du temps qui passe.
L’angélus.
On se souvient qu’il fut, au-delà d’une mélodie de cloches balancées, un appel. Un appel à la prière.
Mais quelle prière ?
Là, en silence dans les instants d’un jour.
Rien.
Être là. (Sans demande ni supplique).
Ne pas prier comme un verbe actif..
Mais être. Un état.
Si sonnent les cloches, on peut entendre :
Être. Un présent. Une verticalité.
Angélus, matin, midi, soir.
Suspens d’une présence parmi des présents infinis, insaisissables.
Dans chaque présent, on a les mains vides, éternellement.
Pourtant, on dessine, on écrit.
Mots et traits…, matière. Peut-être un peu de matière de corps.
Sur l’incise de pas.
En chaque suspens, on peut voir, entendre l’à peine. Ou rien.
Des figures, mots, brumes, laisser apparaître. Ils adhèrent à des bribes de mémoires, ponctuellement.
Quelques instants, on retient leur dissipation.
Vous pouvez feuilleter le livret en cliquant sur ce lien :
Nicolas Dieterlen
Poème d'hellébores
la vie d’un instant est clairsemée de sucre glace
des champs livides à perte de vue ouverts sur le ciel
chaque nuit j’écoute la mélopée qui n’existe pas
l’étrange silence des montagnes noires
le pollen d’hellébore porté grâce au vent
balaye tout le crachin des brumes de ma solitude
ainsi que les âmes transparentes qui campent devant ma porte
les hommes ont mis la terre à sécher
et ont jeté la lessive négligemment sur le sol
tant de cicatrices de sable dans les déserts périmés
des sédiments de fatigue craquelés sur mon dos
les fleurs moribondes sont dispersées aux pieds des racines d’arbres lourds
torturés
je lis un avenir replié sur lui-même dans tes paumes
elles sont des parchemins de rencontres
de plaies
et d’histoires à sens unique
je suis l’homme dont l’esprit voyage éternellement
encore une nuit à attendre le départ du bateau
ensemble dans le creux de la nuit bien après les douze coups
faire bloc ensemble pour maintenir la chaleur
d’une belle illusion
le chant des névroses s’embarquera avec nous
délaver les mots
les nuages
interpréter leurs images et deviner quelles seront leurs futures métamorphoses
comprendre le théorème des spirales
écouter celui des puits
des reflux gastriques chaque nuit balayent mon sommeil
qui ne trouve plus où s’asseoir
les nuages se déplacent toujours à contre-courant
ils dispersent la nuit des paquets de cendres
nous rejouons toujours les mêmes histoires
le bruit d’une télé au fond de la cuisine
le ciel fatigue d’être idéalisé comme du papier à cigarette
un prince n’a pas d’ami
passer au lavoir ce qu’il reste des cieux
tordre la lessive comme on nettoie une plaie
peindre le chant des partisans
surtout
pour ne pas rejouer celui de Guernica
la petite mort rôde
la mort cathodique est la petite mort
celle de toutes les emprises et de tant d’abandons
la musique de tous les soleils à ses veines glacées
elle joue maintenant le jeu de la vie sur un navire qui prend l’eau
casser les aquariums et les vider dans les fleuves
les esprits obtus ne se frappent pas la tête contre les murs
ils font prospérer la misère
le rsa est l’opium de la révolte
l’homme libre est un homme fou
il se balade avec une passoire à étoiles sur sa tête pour tout bagage
et profite de feux d’artifices gratuits au coin de la grande ourse
celui qui suit la houle met sa liberté sous son bras
un litron de ce qu’il faut d’engrais pour le cœur
on a déjà tant fait couler d’encre sur les vagabonds
qu’ils prennent maintenant la couleur du macadam
j’ai plongé mon âme dans le puits des oliviers
l’amour est un chant échaudé
réveillé brusquement par le train qui démarre
on ne change pas de quai une fois le voyage périmé
replonger encore
je tire un trait sur chaque mur me faisant front
sur les stèles froides où perle la rosée des deux mondes
vais-je continuer à trier chaque bagage dans une gare que je ne connais pas ?
éboulement sur la terre de parois qui s’effondrent
ici les temps morts n’existent pas
les métronomes perdent leur temps
à vouloir rentabiliser chaque moment décousu
casser les codes
c’est prendre la mode à rebrousse-poil
j’ai retrouvé l’être bleu pâle
il a pris la forme d’un loup
par une nuit sauvage il crie
il emprunte alors les esprits de toute la tribu
et casse les miroirs racontant n’importe quoi
un poisson à la mémoire courte
est lucide sur l’état du monde
comment ne pas perdre la boule
lorsque l’on est juste un sujet d’aquarium
on finit par s’habituer aux prédications mensongères
de médiums endimanchés et aux crétins qui les suivent